Espagne du Nord 2019

Bonjour à tous!

Le forum étant assez calme, et ayant présenté hier ce sujet à notre réunion SFO-RA en primeur, voici donc le compte rendu de notre voyage dans le Nord-ouest de l’Espagne, du 16 au 23 mai 2019.
Cette carte de l’Office espagnol du tourisme, téléchargée sur internet va vous permettre déjà de voir notre périple:



Après une arrivée matinale (le 16 mai) à Biarritz, en France et par avion, nous avons eu trois jours de prospections en Navarre, le premier jour à l’Est de Pampelune, les deux autres  au Sud et à l’Ouest de Pampelune.
Puis le 19, nous sommes parti pour la Rioja, avec un gros détour au Sud, afin de découvrir Orchis tenera et Orchis cazorlensis.
Les 20 mai, depuis Eczaray, nous irons à la rencontre des orchidées de la Rioja.
Départ le 21 mai pour atteindre la Cantabrie, via différentes stations au Nord de Burgos. Journée qui se terminera par la découverte de Dactylorhiza cantabrica en compagnie d’un garde du Parc naturel de « Montaña Palentina», où se trouvent, dans cette région, les principales populations de ce taxon.
Le 22  mai sera un jour de transition vers le Pays Basque espagnol, avant de retourner le lendemain sur Biarritz où, en fin d’après-midi, un vol nous ramènera sur Lyon…  


Dans cette première partie, nous vous présentons d’abord quelques biotopes, plutôt des prairies sèches, parfois plus humides, en particulier vers Iza ou autour de la lagune de Pitillas, un sanctuaire mondial pour les ornithologues, (lieux situés respectivement à l’Ouest et au Sud de Pampelune).















Puis quelques taxons assez classiques :

Dans l'ordre (il ne nous semble pas indispensable de coller systématiquement leurs noms aux photos): Cephalanthera damasonium; Himantoglossum hircinum; Gymnadenia conopsea; Platanthera chlorantha et P. bifolia;  Anacamptis pyramidalis; Anteriorchis coriophora; Herorchis champagneuxii et A. morio; Neotinea ustulata; Paludorchis laxiflora;  Vermeulenia grandiflora (un seul pied observé !); et les Serapias lingua, cordigera, parviflora et lingua x parviflora (dans cette suite) :































Nous continuons ici avec les  les Orchis, et pour nous deux nouveautés, O. tenera et O. carzolensis (je ne cache cependant pas que le groupe d’O. mascula est parfois troublant… pas toujours facile d’identifier certains pieds…) :

O. purpurea, O. anthropophora, et O. simia, suivi des hybrides de ce dernier par les deux premiers :





O. provincialis :





O. provincialis x O. langei :



O. tenera (le premier pas trop typique ? Sinon un taxon avec une inflorescence lâche et des labelles réduits) :







O. langei :



O. mascula (des plantes très costaudes des monts cantabriques) :







O. olbiensis :



Enfin O. cazorlensis (fleurs plus pâles et éperon plus court que celui d’O. spitzelii) :









La suite avec les Ophrys et (surprise) les Dactylorhiza...

Excellent début

Anteriorchis - Herorchis - Paludorchis - Vermeulenia il va falloir que je renomme mes photos, une fois de plus Heureusement que j'ai abandonné les albums photos traditionnels !

Annie a écrit:Excellent début

Anteriorchis - Herorchis - Paludorchis - Vermeulenia il va falloir que je renomme mes photos, une fois de plus   Heureusement que j'ai abandonné les albums photos traditionnels !

Oh Annie tu n'es pas obligée !!!!

Quelque soit leur noms une belle variété en Espagne ! Olivier et

Un bon début d'un rapport qui s'annonce prometteur ! Étonnant tous ces taxons du groupe mascula...

Muummmmm, je sens que par ces temps maussades emplis de grisaille, on va se régaler de lumière bienfaitrice !          
D'avance, un grand    Olivier.

Jacques

J'ai bien aimé tes dias espagnoles.

Par ailleurs le généticien que je suis n'est pas persuadé de la réalité des quatre genres Anteriorchis, Herorchis, Paludorchis et Vermeulenia qui non seulement "découpent" la majeure partie du genre Anacamptis, mais nous amènent à 5 genres. En effet :
- sur la base des données moléculaires, le genre Anacamptis est monophylétique.
- le genre Anacamptis est voisin du genre Serapias, avec lequel il s'hybride (Serapicamptis). D'ailleurs Paludorchis, Herorchis et Anteriochis s'hybrident avec divers Serapias (je ne me souviens pas si c'est le cas pour Vermeulenia).

Après, chacun choisi ses hypothèses, pour ma part je vis très bien sans faire appel aux quatre genres.

HY

Merci Olivier, j'ai bien ce "petit" spitzelii (O. cazorlensis).

Christophe

HY a écrit:J'ai bien aimé tes dias espagnoles.

Par ailleurs le généticien que je suis n'est pas persuadé de la réalité des quatre genres Anteriorchis, Herorchis, Paludorchis et Vermeulenia qui non seulement "découpent" la majeure partie du genre Anacamptis, mais nous amènent à 5 genres. En effet :
- sur la base des données moléculaires, le genre Anacamptis est monophylétique.
- le genre Anacamptis est voisin du genre Serapias, avec lequel il s'hybride (Serapicamptis). D'ailleurs Paludorchis, Herorchis et Anteriochis s'hybrident avec divers Serapias (je ne me souviens pas si c'est le cas pour Vermeulenia).

Après, chacun choisi ses hypothèses, pour ma part je vis très bien sans faire appel aux quatre genres.

HY

On est d'accord sur le fonds!

Peut-être qu'un rang de sous-genre serait plus judicieux (Cf. gymnadenia vs nigritella)

Olivier (qui devrait envoyer les Ophrys ce soir)

Très beau reportage d'une région qui me sera certainement toujours inconnue. L'Orchis cazorlensis est sympa (et je ne connais pas non plus son proche-parent que l'on trouve en France).

Voici la suite de notre-compte rendu de voyage ; cette seconde partie concerne les Ophrys.
D’abord avec O. insectifera (la première photo), puis l’O. subinsectifera, assez difficile à dénicher (car les fleurs sont minuscules), ainsi qu’un probable hybride (la dernière photo) :











Ensuite, O. speculum, O. ficalhoana (plus un lusus) et l’hybride de ce dernier avec O. picta :









Maintenant place à quelques Pseudophrys, à savoir, O. lutea, O. arnoldii (un assez gros fusca avec une macule plate non ou guère renflée par des bourrelets longitudinaux), et O. lupercalis (dernière photo de ce paragraphe pour cet autre assez gros fusca pourvu lui de nets bourrelets longitudinaux dans la macule) :









Autre paragraphe de Pseudophrys,  avec le rare O. dyris dont nous trouverons par hasard une station de presque vingt pieds (taxon dont la base du labelle est quasi plane), O. vasconica (issu d’une hybridation de ce dernier avec de l’O. fusca s.l., il présente une nette gorge en V à la base du labelle), et un curieux lusus (par sa macule) qui pourrait être un hybride entre O. arnoldii et O. vasconica :











Nous continuons avec deux photos d’O. apifera (dont un lusus), deux autres d’O. scolopax, deux autres encore d’O. corbariensis (très grand labelle avec un important champ basal orange), et une d’O. picta (au tout petit labelle) :















Vient maintenant un premier endémique de la région, O. riojana (au champ basal souvent assez réduit, nommé O. quadriloba par P. Delforge), que complètent quelques lusi, une plante curieuse (trouvée pile sur le point GPS d’un hybride entre O. riojana et O. lutea… mais O. riojana pourrait déjà être un hybride fixé issu en partie d’O. lutea), et un hybride O. riojana x O. passionis :











Nous embrayons maintenant sur O. aranifera (2 photos), puis ses hybrides  avec O. castellana et O. ficalhoana (cf. le montage : sur une même station, il y en avait une bonne vingtaine), auxquels suivent deux vues d’O. incubacea à périanthe rose (une merveille !) et d’autres d’O. passionis (le premier ayant lui aussi un périanthe clair) :



















Pour finir, deux autres endémiques locaux, d’abord O. castellana (un taxon plutôt hygrophile, aux pétales très ciliés et plus foncés sur les bords), son hybride avec O. vitorica (l’O. aveyronensis local), et, pour finir, 3 vues ou montages relatifs à ce dernier :
















(NB/ une ultime partie suivra, avec quelques images du patrimoine local et… les Dactylorhiza !)

L'Ophrys vitorica n'a rien à envier à l'Ophrys aveyronensis, c'est une petite merveille
pour ce sujet de grand intérêt et le travail d'identification.

Annie a écrit:L'Ophrys vitorica n'a rien à envier à l'Ophrys aveyronensis, c'est une petite merveille
pour ce sujet de grand intérêt et le travail d'identification.

C'est vrai ! On se croirait sur le Larzac !

Tout ce sujet est vraiment splendide ! tu nous gâte !

Olivier et Martine

HY a écrit:J'ai bien aimé tes dias espagnoles.

D'ailleurs Paludorchis, Herorchis et Anteriochis s'hybrident avec divers Serapias (je ne me souviens pas si c'est le cas pour Vermeulenia).

HY

Oui mais c'est très rare (par exemple papilionacea x neglecta aux Jaudelières)

HY a écrit:J'ai bien aimé tes dias espagnoles.

Après, chacun choisi ses hypothèses, pour ma part je vis très bien sans faire appel aux quatre genres.

HY

On est au moins deux !!!

Mêmes remarque que Annie et Claude.
La première photo de apifera est absolument splendide

Olivier, quelle brochette d'Ophrys !!! Je sens que l'on va me demander une session N-O Espagne d'ici peu !!!

Merci d'égayer ce temps pluvieux (toutefois salutaire) avec cette fructueuse virée espagnole.

C'est splendide et ça fait envie comme destination !
Olivier, je ne savais pas que les populations espagnoles d'Ophrys aveyronensis avaient été décrites sous le nom d'O.vitorica, sais-tu sur quelles bases a été faîte cette séparation, hormis le critère géographique ?

ttdu67 a écrit:C'est splendide et ça fait envie comme destination !  
Olivier, je ne savais pas que les populations espagnoles d'Ophrys aveyronensis avaient ét
é décrites sous le nom d'O.vitorica, sais-tu sur quelles bases a été faîte cette séparation, hormis le critère géographique ?

Selon Delforge (à la suite de Kreutz), fleurs plus petites, et issues  d'une origine hybride différente...
Je n'en sais rien; alors, comme dans la discussion plus haut avec HI, je reste (sans faire de vagues) en adéquation avec les ouvrages les plus récents.
Pour ne pas trop troubler les plus jeunes orchidophiles qui sont de plus en plus absents de nos réunions et de ce forum...
Ou (si on garde un peu d'espoir), lesquels sont trop réservés? A nous de les motiver?

Bien amicalement,

Olivier

Là encore, je suis plus nuancé, des photos d'Ophrys vitorica auraient leur place dans les photos d'aveyronensis.

Je reviendrais dans un prochain article sur ce magnifique Ophrys aveyronensis que j'ai vu pour la première fois il y a bien longtemps (près de 55 ans) près de lapanouse-de-cernon.

HY

Pour cette troisième partie, d’abord quelques images glanées ici ou là :

L’abbaye de Puento la Reina, au Sud de Pampelune :



L’église d’Ezcaray, et celle voisine de Valganon (nous sommes là au contact des stations à Orchidées les plus célèbres de La Rioja) :







Les monastères de Yuso (ici le monastère « du bas », car il en a deux, inscrits au Patrimoine Universel de l’UNESCO, mais celui « du haut » n’est accessible que par une navette, et les deux sont de surcroît fermés le dimanche et le lundi en début de saison, soit les deux jours ou nous étions sur place… :





Quelques maisons troglodytes au Sud-est de Burgos :



Puis, en Castille-et-León (mais à la limite de la Cantabrie) de nombreuses cigognes vers l’embalse del Ebro (le barrage de l’Ebre), et le splendide monastère Santa Maria la Real à Aguilar de Campoo (une partie a été aménagé et on peut y loger dans les anciennes cellules monacales, dont on voit les fenêtres sur une des façades du cloître à gauche : c’est une excellente adresse pour dormir et se restaurer, avec un très bon rapport qualité/prix) :









Enfin, la corniche des Basques, en France, lors de notre retour sur Biarritz :



Comme promis, nous allons finir (enfin presque) avec le genre Dactylorhiza.
D. markusii, vu à l’ouest de Pampelune, en toute fin de floraison, avec son labelle immaculé :



D. sambucina, trouvé dans les monts cantabriques (sans sa forme rouge) :



D. insularis, que nous avons vu sur d’assez nombreuses stations :





Mais aussi D. cantabrica, un taxon décrit de Cantabrie en 2006 par H.A. Pederson, comme hybride entre les deux derniers taxons cités. Reçu en début d’année 2019, ce taxon était justement à l’honneur dans le Journal Europäischer Orchideen de décembre 2018. Un article y signalait cet hybride comme une entité fixée dans au moins huit stations, souvent en l’absence des parents, et essentiellement dans le Parc Naturel de Montaña Palentina en Cantabrie.
Nous avons de ce fait contacté les auteurs de cet article, pour obtenir plus de précisions. Tono Ruiz de Gopegui a été chargé de nous répondre : Il est guide dans ce parc, et il y est surtout responsable  du suivi des ours. Et donc, jusque fin mai, pour ne pas troubler l’émancipation des oursons éventuels, l’accès de ce secteur est prohibé à ceux qui n’y vivent pas… Mais après de gentilles négociations, il nous a proposé de nous guider sur le terrain avec son 4/4 (quasi un Hummer) sur des pistes à la limite du praticable (mais je pense que c’était un choix pour nous dissuader de revenir…). Et comme il ne parle que l’Espagnol  (mais pour moi déjà un bon anglais… avec timidité), et que Martine et moi sommes plutôt totalement) nuls en Espagnol, sa fille Violeta a permis un échange oral en Anglais !
Les photos de ce taxon, au statut assez convaincant (cf. la taille des fleurs, l’orientation de l’éperon, les dessins du labelle…) :







D. sambucina à droite et D. cantabrica à gauche:





Mais aussi les traces d’un ours (griffades sur des supports en bois) et d’un loup alpha (dépose d’un étron sur un support à un carrefour très emprunté) :





Et puis nous ne pouvions finir sur une Gentiane, annoncée d’ailleurs dans le Bulletin 2018 de la SFO Poitou-Charentes et Vendée : Gentiana occidentalis var. aragonensis, et effectivement trouvée sur un col où le vent soufflait incroyablement, avec une pluie battante, sans parler d’une température (relevée dans notre auto) proche de 2° !!!
Difficile donc de shooter ces plantes sur une paroi en bord de route (et je reste étonné, dans ces conditions, et pour ce genre, que les plantes fussent encore épanouies !).
Maintenant, j’ai du mal à cerner ce taxon (sur Internet, j’ai trouvé un site qui plaide pour des feuilles plus longues que celles du type, mais j’ai l’avis inverse… Un lapsus ???).

Si quelqu’un peut m’éclairer à ce sujet (même en Espagnol ?), alors merci :





Nous remercions tous ceux qui ont facilité notre voyage par les données généreuses de leurs observations antérieures.
Nous pensons en particulier à Jean-Pierre Amardeilh, Gérard Raynaud, Elisabeth et Jean-Marc Roux, mais ils ne sont pas les seuls.

Martine et Olivier

Une chouette fin avec de belles plantes, merci.

Olivier et Martine, merci,
c'est superbe
Yves

Petit complément en rapport à D.cantabrica:

Dans le livre de W.Eccarius "Die Orchideengattung Dactylorhiza", il est fait mention de ce Dactylorhiza dans la section Sambucinae.

Cette nouvelle espèce décrite en 2006 (D.cantabrica) est tétraploïde avec 2n=80 chromosomes proviendrait d'une hybridation à partir d'un gamète non réduit de D.insularis comme mère (n=60) et d'un gamète normal de D.sambucina comme père (n=20). Son aire de répartition se situe en Galice au nord ouest de l'Espagne donc également un peu plus à l'ouest des plantes présentées par Olivier.

Merci à Martine et Olivier pour cette présentation.



PS1: J'espère avoir bien traduit le texte en allemand du livre concernant ce taxon.



PS2: Cela ne doit pas être simple de différencier les quatre Dactylorhiza de couleur jaune présentés.

Merci pour ce compte rendu bien complet

Chouette fin de reportage et merci Olivier pour la réponse !