- HY
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Variabilité des hybrides
Dim 15 Mai 2016 - 15:55
Je voudrais rebondir sur la remarque très importante de Philippe qui soulignait la variabilité des hybrides.
D'abord, çette variabilité ne devrait pas être une réelle surprise au regard de la variabilité de certains Ophrys (notamment de leurs fleurs) les planches montrant la variabilité des fleurs (j'en ai noté par exemple pour les fleurs des Ophrys apifera, aprilia, arachnitiformis, araneola, aranifera, aurelia, aveyronensis, buscutella, druentica, drumana, exaltata marzuola, forestieri/luoercalis, fuciflora, incubacea, lutea, pseudoscolopax, splendida, etc..... Tous les pieds n'étant pas identiques que ce soit chez le parent mâle ou chez le parent femelle, il ne faut pas s'étonner que les descendances ne soient pas identiques.
Recensons les principales origines possibles de ces descendances hétérogènes :
- Les hybrides observés et photographiés peuvent être des hybrides dits F1 (de première génération), mais également des descendances de ces F1 en autofécondation ou plus probablement par back-cross (croisement de cette F1 par l'un ou l'autre de ses parents). Ceci expliquerait par exemple que l'hybride ressemble plus à l'un de ses deux parents.
- Lorsque les ADN cytoplasmiques (chloroplastique ou mitochondrial) sont différents entre les géniteurs mâle et femelle, et puisque ces ADN sont transmis par le seul parent femelle, les descendances sont susceptibles d'être différentes selon le sens du croisement. Ce sont les exemples de stérilité mâle nucléo-cytoplasmique et de plantes panachées qui illustrent le mieux l'importance du sens du croisement.
- Mais passons à ce qui est de très loin l'explication la plus fréquente. La majorité des différences entre les descendants d'un croisement, au moins chez certains Ophrys, tire son origine de la différence entre les individus qui se croisent. Aucun doute n'est permis, les plantes individuelles de la même « macroespèce » au sens de Devey et al. (2008) pourraient présenter des différences génétiques et c'est probablement souvent vrai à l'échelle d'une population. Ceci résulte de l'allogamie (un insecte pollinise la fleur d'une plante par le pollen de la fleur d'une autre plante), un mécanisme qui explique le fait que les plantes parentales soient relativement hétérozygotes (présence de deux allèles différents à un locus). Dans leur article de 2008, Devey et al. signalent la présence de copies hétérogènes des séquences nucléaires ITS chez certains Ophrys comme aegirtica, apulica, araneola, dyris, garganica, lacaitae, mammosa, murbeckii, pallida, phillipei. L'explication des auteurs est que ces copies différentes proviennent d'hybridations (parfois associées à la polyploïdisation). Rappelons ici qu'en règle générale les hybrides regroupent des génomes assez proches, alors que l'allopolyploïdisation (hybridation associée à la polyploïdisation) est en mesure de regrouper des génomes relativement distants. Comme le dit si bien pmb : « les Ophrys sont d'un grand intérêt car, et c'est ma conviction, il sont en train d'évoluer sous nos yeux ! ». Je partage cette façon de voir, en effet, pas mal d'auteurs considèrent désormais que la radiation évolutive fait suite à l'hybridation. Le meilleur exemple que je connaisse est le fait de que deux polyploïdisations rapprochées ont précédé la radiation évolutive qui est à l'origine de toutes les Eudicotylédones (la majorité des plante à fleur).
Une des conséquences de l'hybridation (résultant de l'allogamie) est la vigueur hybride (ou hétérosis) que l'on peut caractériser en disant que l'hybride dépasse pour un caractère donné les valeurs parentales (plus grand, plus vigoureux, plus coloré, plus résistant, ….). Chez les allopolyploïdes, c'est également vrai, et de plus des régulations épigénétiques se mettent en place qui modifient l’expression de nombreux gènes, donnant parfois l’impression que ces allopolyploïdes possèdent de nouveaux gènes absents chez les parents.
De plus, rien ne permet d'exclure le fait que des individus différents puissent possèder des nombres de copies différents de certains gènes, ces CNVs pouvant affectent la morphologie.
HY
- Bernard Ginesy
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Re: Variabilité des hybrides
Dim 15 Mai 2016 - 18:41
Bien !
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