Epipactis rhodanensis/fageticola (?) en 31 : le feuilleton !

Saison 1 - 2009
Je trouve un Epipactis en forêt alluviale au bord de la rivière Ariège, au sud de Toulouse, début juillet.
Malheureusement, il n'est pas identifiable vu le piteux état de l'inflorescence.


Saison 2 - 2010
Gérard Joseph va contrôler si la plante a refleuri, ou si d'autres sont apparues. Il fait chou blanc.

Saison 3 - 2011
Idem saison précédente...

Saison 4 - 2012
Idem saison précédente...

Saison 5 - 2013
Je vais contrôler fin juillet, je ne vois rien.
Gérard y va mi-août et trouve 2 pieds à une vingtaine de mètres du pied de 2009.
Malheureusement, les plantes sont en fruit !

Pouvez-vous nous aider à identifier l'acteur principal qui figure au casting de ce palpitant feuilleton ? (Dernière saison en 2014, si tout va bien...)

Habitat et port : sous des ormes (Ulmus minor), au milieu du lierre, à une dizaine de mètres à peine de l'Ariège mais en peu en hauteur. Feuilles légèrement plus longues que les entrenoeuds, peu nombreuses, ascendantes (celles du bas au moins), allongées. Plantes plutôt pauciflores. J'ai compté une dizaine de boutons avortés sur la plus petite plante. On compte 3 fruits sur la plus grande plante, mais probablement aussi une petite dizaine de boutons initialement. La plus grande plante mesure environ 30cm.


Fruits : base du pédoncule floral verte


Feuilles : les denticulations ne sont pas du tout visibles à l'oeil nu, et on les voit mieux sur ces photos qu'à la loupe x10.


Nous pensons à Epipactis rhodanensis, mais tout ne correspond pas (en théorie rhodanensis a les feuilles plus courtes que les entrenoeuds, est plus multiflore,...).
Quels pourraient être les autres candidats ?

Quel que soit son nom, c'est en tout cas une nouvelle espèce pour la Haute-Garonne. "Nouvelle" pour la connaissance que nous en avons, et non pour sa présence qui remonte déjà à un certain temps s'il s'agit bien, comme je le pense, du même Epipactis que celui qu'on trouve dans certains herbiers anciens (voir la récolte de Timbal-Lagrave en 1850, à quelques kilomètres de là, dont on avait parlé ici : https://ophrys.bbactif.com/t2640-epipactis-rhodanensis).

Je ne suis pas très à l'aise avec les Epipactis, mais je voudrais avancer une hypothèse : Ces plantes, par leur port et leurs feuilles évoquent pour moi E. fageticola. Pour comparaison, en voici un exemplaire provenant d'une ripisylve d'un affluent de l'Ebre, fin juin 2012

Groupe phyllanthes pour moi aussi, avec comme seul critère tangible la denticulation des feuilles : macroscopique et irrégulière. La gaine des feuilles, jaune, également... Il faudra corréler ces critères avec le reste en meilleur état pour confirmer la détermination.

Je serai assez d'accord avec Jan-Pierre : aspect grêle, feuilles allongées sinuées, floraison tardive en sous-bois.

Dans la Drôme à la mi-juin :

D'accord avec les trois précédents on est ds le groupe phyllanthes et ça ressemble bien aux fageticola dromois!!!!

Saison 6 - 2014

Episode 1 - 19 mai
Suite du feuilleton : les 2 plantes de l'an dernier sont déjà en bouton !




On va attendre quelques semaines pour se prononcer sur Epipactis rhodanensis, fageticola, ou autre chose...
En croisant les doigts pour qu'il n'arrive rien à ces 2 uniques plantes !

A bientôt pour un nouvel épisode...!

Episode 2 - 6 juin

Les 2 plantes continuent de pousser, les entre-noeuds s'allongent, les boutons se développent...
Je note que le haut de la tige est quasiment glabre, et que les denticulations des bords des feuilles sont invisibles à l'oeil nu (et à la loupe, ils paraissent réguliers).


Un bon point : je découvre 2 autres pieds d'Epipactis à proximité (à peu près là où j'avais vu le pied initial en 2009), et une nouvelle station d'Epipactis (5 plantes) sur la rive d'en face, de l'autre côté de la rivière Ariège.


Tous ces nouveaux pieds semblent avoir un retard phénologique de 1-2 semaines par rapport aux 2 pieds suivis initialement. S'agit-il du même taxon ?

Episode 3 - 17 juin

Catastrophe ! Les 2 pieds initiaux ont visiblement souffert de la chaleur. Ou des pucerons, que j'avais vus sur les boutons lors de mes dernières visites (et que j'avais enlevés). Les boutons du pied le plus avancé se sont à peine entrouverts qu'ils semblent déjà se nécroser. En tout cas on ne peut rien en tirer pour l'identification... Mais les ovaires me semblent présenter un début de gonflement, cléistogamie ? Le pied le moins avancé, quant à lui, à toujours son inflorescence pendante, et je pense qu'elle ne se relèvera pas (elle est toute molle) et que les fleurs avorteront.


Les autres pieds découverts la dernière fois semblent avoir rattrapé leur retard phénologique. Certains ont eux aussi souffert de la chaleur (inflorescences desséchées), mais il reste quelques boutons encore vaillants, dont l'ouverture s'annonce imminente.

Un pied situé à proximité des pieds intiaux :


Et un pied de la rive d'en face :


Je note que chez ces nouveaux Epipactis, le haut de la tige présente une pubescence marquée. Les feuilles sont aussi différentes, plus longues que les entre-nœuds (ce qui est peut-être dû au fait que les plantes, sorties plus tard, n'ont pas eu le temps de s'allonger suffisamment pour que les entre-nœuds dépassent les feuilles).

Il y aurait donc potentiellement 2 taxons :
- un typé rhodanensis/fageticola,
- et un autre, peut-être helleborine qui a déjà été observé à quelques kilomètres de là ? Mais je trouve que ça n'y ressemble pas trop.

C'est un casse-tête sans fin...

Toute remarque est la bienvenue !
Bien sûr, il reste à attendre l'ouverture des boutons des "nouveaux pieds"... J'espère que Gérard pourra s'y coller car je vais m'absenter jusqu'à fin juin.

Le mieux qu'il y avait à espérer, 2 espèces en 1 coup un grand bravo pour ce suivi sans relâche, les efforts ont été récompensés!           

Félicitations aux découvreurs. Une belle avancée pour le groupe epipactis dans la région.