Ophrys ciliata détruite à jamais...

Aujourd’hui, mardi 17 mars, sous un beau soleil, nous avons décidé d’aller faire une visite au vallon de Valtrède.
En particulier pour voir les rosettes d’Ophrys ciliata vues l’an dernier.
Et là, un kilomètre avant le spot des ciliata, une grande affliction a commencée à nous envahir lorsque nous avons constaté qu’une tranchée avait été creusée sur le coté droit de la chaussée, puis rebouchée après que des câbles électriques aient étés enfouis.
Arrivé au spot, oh rage, oh désolation, dévastation, destruction, saccage, ruine, consternation,
Ce que nous avions imaginé était bien arrivé, tous les pieds de ciliata détruits par le coup de pelle ravageur :


Vous allez dire : une ciliata, ce n’est pas bien grave, mais une ciliata d’une douzaine de pieds en fleurs, ce n’est pas courant. Sans compter qu’il y avait quelques pieds isolés ici et là.
Voici deux photos de la belle, c’était en 2008 :


Alors je m’interroge à nouveau sur le fait de divulguer ou pas ce genre de spot.
Après tout, ces plantes rares et belles n’appartiennent à personne et à tout le monde, pourquoi ne pas faire profiter le plus grand nombre ?
D’une façon ou d’une autre, elles risquent la destruction, par les cochons, par les hommes ou tout autre événement.
Voilà, c’était une journée tristounette, nous repasserons à la bonne saison, pour voir s’il y a un pied ici ou là qui s’élève vers la lumière.

Bon, même si l'on a un sentiment de frustration quand on constate ce genre de dégâts, peut-être le même que celui qu'on peut avoir après un cambriolage (j'imagine, par bonheur je n'ai jamais connu ce genre de mésaventure, sauf une fois à l'Escala, voiture fracturée lors d'une sortie orchidées- et il me semble qu'Annie et Michel ont subi le même sort ce jour-là ?), c'est à dire l'impression d'avoir été volé, il faut relativiser. Si l'on va en Espagne, cette espèce n'est pas du tout rare, et les quelques aventuriers qui fleurissent par chez nous, les connus, sont fréquemment soumis à des destructions pour la simple et bonne raison que la plupart de celles qui sont répertoriées sont trouvées le long de routes ou de pistes, donc où les risques de travaux, par exemple, sont les plus grands...
Ophrys ciliata étant une espèce protégée, il n'y a qu'une manière de procéder si l'on veut rendre effective cette protection légale :
- localiser précisément la station,
- contacter le CBN du coin et les inciter à envoyer à la commune concernée un "porté-à-connaissance" qui pourra éventuellement servir d'avertissement avant travaux ou de référence en cas de litige,
- par le biais d'une association de protection de la nature, entrer en contact avec la commune pour signaler qu'une surveilance vigilante sera portée sur le site, et, éventuellement, proposer des mesures de conservation et de gestion.
En dehors de ce protocole, il n'y a pas de possibilités étendues, un déplacement des populations avant les travaux sera la seule solution ultime, ou pleurer longuement dans les chaumières...
Cela peut paraître triste, mais je n'éprouve pas plus de tristesse devant la dispartion d'une petite population d'Ophrys ciliata en bords de route que devant toute destruction inhérente à n'importe quelle entreprise de travaux publics ou privés. Je suis plus désolé par la disparition volontaire d'une zone humide, par le raclage d'un pan de montagne pour préparer des pistes de ski, par la destrucion de forêts ou de garrigue pour faire passer une autoroute (ou le TGV) etc.. pour ne parler que de ce qui peut se passer par chez nous.

la dure loi de l'industrie et de la consomation ont eu malheureusement raison de ces pauvres ciliatas...finalement je me demande si les spots que je connaient je ne ferait pas mieux de les communiqués...
amicalement darro.

je rejoins totalement l'analyse de berni, et effectivement qd on connait un site fragile un contact avec le CBN s'avère souvent efficcace, j'ai eu l'occasion de le constater non pour des orchidées mais pour des tulipes.... une journée de déplacement a été programmée et elles fleurissent toujours.......
Mais je partage aussi la tristesse de Michel et Annie ce genre de découverte ça fait toujours mal!!
amitiès

Berni.Scarosi a écrit:Bon, même si l'on a un sentiment de frustration quand on constate ce genre de dégâts, peut-être le même que celui qu'on peut avoir après un cambriolage (j'imagine, par bonheur je n'ai jamais connu ce genre de mésaventure, sauf une fois à l'Escala, voiture fracturée lors d'une sortie orchidées- et il me semble qu'Annie et Michel ont subi le même sort ce jour-là ?), c'est à dire l'impression d'avoir été volé, il faut relativiser. Si l'on va en Espagne, cette espèce n'est pas du tout rare, et les quelques aventuriers qui fleurissent par chez nous, les connus, sont fréquemment soumis à des destructions pour la simple et bonne raison que la plupart de celles qui sont répertoriées sont trouvées le long de routes ou de pistes, donc où les risques de travaux, par exemple, sont les plus grands...
Ophrys ciliata étant une espèce protégée, il n'y a qu'une manière de procéder si l'on veut rendre effective cette protection légale :
- localiser précisément la station,
- contacter le CBN du coin et les inciter à envoyer à la commune concernée un "porté-à-connaissance" qui pourra éventuellement servir d'avertissement avant travaux ou de référence en cas de litige,
- par le biais d'une association de protection de la nature, entrer en contact avec la commune pour signaler qu'une surveilance vigilante sera portée sur le site, et, éventuellement, proposer des mesures de conservation et de gestion.
En dehors de ce protocole, il n'y a pas de possibilités étendues, un déplacement des populations avant les travaux sera la seule solution ultime, ou pleurer longuement dans les chaumières...
Cela peut paraître triste, mais je n'éprouve pas plus de tristesse devant la dispartion d'une petite population d'Ophrys ciliata en bords de route que devant toute destruction inhérente à n'importe quelle entreprise de travaux publics ou privés. Je suis plus désolé par la disparition volontaire d'une zone humide, par le raclage d'un pan de montagne pour préparer des pistes de ski, par la destrucion de forêts ou de garrigue pour faire passer une autoroute (ou le TGV) etc.. pour ne parler que de ce qui peut se passer par chez nous.

Merci d’avoir lu ce post et d’avoir pris le temps de répondre si longuement.
Toute expérience se doit d’être positive et constructive.
Là, tu indiques la marche à suivre pour que de tels évènements puissent être évités ou d’en limiter les conséquences.
Bien sûr, nous avons eu la sensation d’un gâchis cet après-midi, mais il faut bien que les hommes vivent et leurs activités ne sont pas toujours en adéquation avec la nature, malheureusement.
Il reste tant de choses à découvrir et à partager, ces situations doivent nous permettent d’apprécier ici et maintenant ce qui nous entoure (ceux qui nous entourent).
C’est le rappel du caractère impermanent de toute chose.
Demain, nous repartons en balade dans les collines par les petits chemins.

ça fait du mal, chers Annie et Michel, ça je comprends très bien. Je ne sais pas si ça vous peut consoler - mais j'ai constaté que (parfois) la nature et plus forte que les efforts de la civilisation! Il y a 3 ans, notre voisin a commencé à construire une piste pour ses voitures 4x4 sur sa colline où j'ai vu des O. lupercalis. J'étais
Le soir je suis y allée déterrer trois tubercules que j'ai planté dans mon jardin. (Psst: je sais qu'il ne faut pas faire ça, mais c'était pour sauver ces plantes, la nature et la planète). Deux lupercalis sont toujours là et ont porté des fleurs l'année passée. Mais.. chez mon voisin, à côté de sa piste.... j'ai trouvé ces derniers jours une dizaine d' O. lupercalis!!!

darro a écrit:la dure loi de l'industrie et de la consomation ont eu malheureusement raison de ces pauvres ciliatas...finalement je me demande si les spots que je connaient je ne ferait pas mieux de les communiqués...
amicalement darro.

Je pense que j’aurais dû diffuser ce spot pour le plaisir du plus grand nombre.
En voulant protéger, je n’ai pas été très efficace.
Alors, à l’avenir, peut-être diffuser davantage.
Allez, dans l’attente de venir admirer tes lieux secrets.
Cordialement.

jft2607 a écrit:je rejoins totalement l'analyse de berni, et effectivement qd on connait un site fragile un contact avec le CBN s'avère souvent efficcace, j'ai eu l'occasion de le constater non pour des orchidées mais pour des tulipes.... une journée de déplacement a été programmée et elles fleurissent toujours.......
Mais je partage aussi la tristesse de Michel et Annie ce genre de découverte ça fait toujours mal!!
amitiès

Stephanie a écrit:ça fait du mal, chers Annie et Michel, ça je comprends très bien. Je ne sais pas si ça vous peut consoler - mais j'ai constaté que (parfois) la nature et plus forte que les efforts de la civilisation! Il y a 3 ans, notre voisin a commencé à construire une piste pour ses voitures 4x4 sur sa colline où j'ai vu des O. lupercalis. J'étais
Le soir je suis y allée déterrer trois tubercules que j'ai planté dans mon jardin. (Psst: je sais qu'il ne faut pas faire ça, mais c'était pour sauver ces plantes, la nature et la planète). Deux lupercalis sont toujours là et ont porté des fleurs l'année passée. Mais.. chez mon voisin, à côté de sa piste.... j'ai trouvé ces derniers jours une dizaine d' O. lupercalis!!!

Merci pour ces messages de réconfort, nous allons continuer à rechercher et admirer ces petites merveilles, et puis il est vrai que la nature se régénère de façons surprenante et admirable.
A très bientôt, en pleine nature pour s’émerveiller ensemble.

A ta place je serais bien énervée aussi !

Tout dépend de la façon dont les déblais de la tranchée ont été traités : il y a une toute petite chance quand même de les revoir dans les 2ans qui viennent.
Continuez à surveiller le site; je compatis fortement, je n'ai jamais vu de ciliata sauf les merveilleuses photos du site !
Dans mon coin, la cata ce sont les quads ! nos orchis sont moins rares que les votres mais on y tient !
Bon, courage JY

C'était un magnifique bouquet effectivement, mais tout espoir n'est pas perdu.
Nous avons connu une situation similaire dans les Hautes-Alpes sur un des 2 pieds connu d'Aurelia. Le terrain avait été creusé lors de la pose de tuyaux pour le tout à l'égout. La plante n'a pas fleurie pendant 2 ans, mais depuis, elle fleurit régulièrement.
Si la terre n'a pas été trop mélangée et que les bulbes ne se sont pas trouvé au fond de la tranchée, peut-être qu'elles pointeront à nouveau le bout de leur rosette dans quelques années.

Courage et continuez à chercher d'autres merveilles.

A bientôt
Olivier

Ba bien NRV aussi de voir ça tout de même....Là c'est pour un bouquet de ciliata....mais comme on l'a déjà dit à plusieurs reprises, des cas comme celui là pour des orchidées ou pour bien d'autres espèces animales et/ou végétales ne sont malheureusement pas rares.....C'est rageant à la découverte...Je compatis !!!!!

gardons espoir ! si qq les déterrent volontairement pour qq but soit-il c'est pire, l'année dernière chez moi ils ont refait la tranché d'un canal et qq pied se trouvais a sécher au soleil ,je les ai déplacé dans un endroit plus protégé au plus proche d'ou elles étaient elles ont continué a pousser et a fleurir . faut-il vraiement ce priver de faire ça ?

fredoavelo a écrit:gardons espoir ! si qq les déterrent volontairement pour qq but soit-il c'est pire, l'année dernière chez moi ils ont refait la tranché d'un canal et qq pied se trouvais a sécher au soleil ,je les ai déplacé dans un endroit plus protégé au plus proche d'ou elles étaient elles ont continué a pousser et a fleurir . faut-il vraiement ce priver de faire ça ?

Je pense que non, si on retrouve les conditions favorables, c'est une forme de sauvetage, reste après à savoir si ça perdure

ici aussi il est menacé en bordure de chemin fréquente, passage de motos, quads et VTT qui ont colonisés cette station pour aire de jeu
sans compter les voitures des promeneurs et autres chasseurs
il est pas rare de trouver des "traces de pneus" non loin de sa rosette