Murmures des murs ...

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LES MURS


On dit que les murs ont des oreilles,
Je crois volontiers qu'ils entendent nos rires et nos peines
Et dispersent l'écho de nos fantasmes dans l'infini du vertical...
Ces murs-là sont un tout qui joue des contraires,
Ils écrantent et affichent
Ils protègent et menacent
Ils enceignent¹ et divisent,
Ils renseignent et censurent,
Leur verticalité s'allonge dans l'horizontalité, à la lecture insensée.

Peut-être sont-ils nos premiers Dieux
Et sans doute un des  premiers artefacts construit par les humains
Qui dans leur crainte primordiale, se protégèrent ainsi de la férocité du monde.
Mettre quelque-chose entre soi et l'Autre fut la trouvaille prompte et géniale de cet angoissé de nature...
Les murs, eux, ont tout le temps
Et la nudité de leur épaisseur n'attend que l'épithète ou la métaphore,
Nous n'avons pas manqué de leur en trouver :

Un mur d'indifférence
Le mur de la honte
Le mur des lamentations
Le mur bleu
Le mur du temps
Le mur du son, qui sitôt franchi traîne derrière lui son orage métallique,

Ou encore les murs dont les murmures pixélisés viennent s'endormir sur les capteurs de nos appareils photographiques,

Réveillons en quelques-uns !

Voilà bien des années en effet, qu'à courir partout après les plantes, je me suis souvent retrouvé face ou au pied d'un mur. C'est un bon support, on appelle d'ailleurs ces plantes « muricoles », tout le monde connaît Les Cymbalaires (Cymbalaria muralis ),






Comme son nom nous l'indique, c'est une championne pour se cramponner dans le moindre interstice mural avec lequel elle doit partager des secrets, car je n'ai toujours pas compris pourquoi on ne la trouvait pas dans les collines qui offrent souvent des systèmes rocheux semblables aux vieux murs... Peut-être la chaux ou les divers ciments ont-ils un effet sur la  germination de ses graines ?

Ce n'est pas le cas des Sedum, qui eux s'accommodent de tout,




Tout comme les « Nombrils de Venus »,






ou les coquelicots






Certains murs doivent être pudiques et se drapent de Lierre de Vignes ou de Fumetaire






La coquèterie n'est pas non plus absente, et on rivalise au niveau des cimes pour la coiffure





et pourquoi pas une plume de Mufflier dans les cheuveux...




Ils sont souvent dans le comble des accessoires,
et s'ils s'ornent d'une corniche,




d'une gouttière, berceau idéal pour les plantes qui ont fuit les balcons






Il fut un temps où les humains étaient naïvement dissuasifs






Mais c'est sans effet sur les plantes qui lorsqu'elles font le mur, passent par en dessous, comme ce Bambou, qui quitte son jardin pour la rue




C'est qu'il y a aussi les plantes qui affectionnent les pieds de murs










On pourrait aussi évoquer toute la micro-faune qui s'y implique; mais restons sur ce décor où s'entrecroise la vie humaine et végétale, quelquefois teintée d'ironie








On le voit, des murets aux parois, ces édifices s'habillent selon leurs désirs et non selon la mode, comme le font souvent les murs intérieurs de nos maisons, prisonniers de nos caprices... Ils ont encore l'air et le soleil, la pluie et les frimas. Ici on lutte ou on profite, au moins le temps d'envoyer ses graines aux quatre vents.