Lusus d'Ophrys apifera

Parmi la centaine de hampes d'Ophrys apifera qui se trouvent autour de mon labo, quelques unes présentent des particularités...

Quelques pieds ont cette apparence : tige tordue, bractées cramées, et fleurs majoritairement non-résupinées. Plutôt qu'à un lusus, je pense qu'il s'agit de l'effet d'un organisme pathogène.


Un autre pied présentait une fleur avec un pétale "aurita" et l'autre pétale difforme. Mais les autres fleurs du pied étaient des aurita "normales".


Enfin, un dernier pied a plus particulièrement retenu mon attention. Les deux fleurs actuellement ouvertes présentent des malformations profondes du périanthe :

Fleur 1 de dessus : le gynostème est sépalisé d'un côté...


Fleur 1 de dessous : ... et le pétale de droite semble soudé au gynostème


Fleur 2 de dessus : le gynostème et les pétales sont sépalisés et plus ou moins soudés entre eux


Fleur 2 de dessous : le n'importe quoi continue, avec un triple gynostème


Je guetterai les fleurs suivantes, qui ne sont pas encore ouvertes, pour voir si le défilé des monstres continue !

Des demi-lusus, en quelque sorte.

Il faudra guetter la prochaine génération : demi-lusus x demi-lusus = quart-lusus ou lusus tout court ?

Zinb a écrit:Je guetterai les fleurs suivantes, qui ne sont pas encore ouvertes, pour voir si le défilé des monstres continue !

Ah ben non en fait, ils ont tout tondu ce midi !!!
J'ai été inspiré d'aller voir et photographier hier...

Je profite d'une visite hier à Balma (31), guidé par Jean-François qui nous a récemment rejoint sur le forum, pour compléter mon post de lusus d'Ophrys apifera.

Tout d'abord, deux pieds de la variété almaracensis (ou fulvofusca) m'ont été présentés. Ceux-ci n'ont pas les jolies tâches roses sur les sépales. Peut-être que le troisième pied, qui n'était pas encore ouvert, les aura... Cela n'en reste pas moins une variété très belle et, je pense, très rare. (A noter que le premier résultat qui apparaît dans Google quand on tape son locus classicus, Almaraz, fait un peu peur : Centrale Nucléaire d'Almaraz...!)




Ensuite, visite à quelques pieds de la variété trollii, que je voyais pour la première fois également. En voyant le labelle allongé, la macule éclatée, les gibbosités hautes et courtes, je comprends pourquoi certains ont avancé l'hypothèse que l'Ophrys philippi pourrait être un hybride stabilisé entre Ophrys scolopax et Ophrys apifera var. trollii (même si je ne suis pas spécialement convaincu par ce point de vue).




Enfin, dans une magnifique prairie, quelques pieds de la forme chlorantha étaient présents.

Magnifique hypochrome.

almaracensis = fulvofusca ? je croyais qu'il s'agissait de 2 variétés distinctes... hormis la couleur brun fauve du labelle, la forme est différente non ?
quel est la nomenclature la plus juste ?

Très bonne question... N'ayant pas accès aux descriptions originales, je me fie à ce que je vois sur le net... Certains sites disent que les 2 variétés (ou formes, je ne sais pas exactement comment elles ont été décrites) sont synonymes...
De mon côté, je commence à me dire - mais sans les descriptions c'est hasardeux - que :
- fulvofusca correspondrait à un apifera normal qui aurait perdu sa macule (donc avec un labelle qui fait un dégradé entre l'orangé du champ basal et le brun du reste du labelle)
- almaracensis serait un fulvofusca qui, en plus d'avoir perdu sa macule, aurait le labelle étalé et découpé.

En outre, les photos d'almaracensis présentent souvent les fameuses tâches roses sur les sépales, mais je ne sais pas si ça fait partie de la définition "officielle" de la forme.
De même, les photos de fulvofusca montrent souvent des pétales "aurita", sans que je sache si cela fait partie de la définition du fulvofusca ou non.
A noter que les "almaracensis" de Balma ont des pétales aurita !

Voilà, je ne pense pas avoir trop clarifié le sujet avec mes digressions, mais peut-être que quelqu'un qui dispose des descriptions de ces variétés pourra nous en dire plus.

de belles formes ou variations....
J'ai hâte d'aller voir les apiferas que je connais pour aussi rencontrer ces belles