Une matinée prodigieuse
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Evelyne
Gerard BRATEAU
THIERRY
ClaudeVincent
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jringenbachfr
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- InvitéInvité
Une matinée prodigieuse
Jeu 30 Mar 2017 - 18:29
J'ai l'habitude de dire que ceux qui partagent mon intérêt pour les sciences naturelles sont en perpétuelle visite d'un grand musée à ciel ouvert. Ainsi, là où chacun peut s'émerveiller devant le porche d' une cathédrale, voyons nous dans les fentes d' un appareillage de calcaire, le ptéridophyte qui s'enracine ou, du haut des tours s'envoler le choucas et parfois le crécerelle. Un plus, assurément à toute démarche touristique.
Mes voyages s'enluminent de botanique, de géologie et de mille observations que souvent, je ne peux m'empêcher de faire partager. Je vois alors froncer le front et le sourcil du passant invité à s'émerveiller d'une herbe ou d'un insecte dont il n' a rien à faire.
Cette fois c'est de nostalgiques qu'il faut qualifier mes récentes escapades dans les hauts de la Réunion à l' occasion d'un bref retour. Il y a longtemps que j'ai délaissé ce paradis moribond qu' hommes et pestes se liguent à détruire.
Me voilà à l'aube au bas de la pente où je me suis effondré il y a maintenant six ans avant de quitter Bourbon définitivement. Un artiste bienveillant ayant pratiqué sur ma personne quelques réparations indispensables, je ne peux m'empêcher de penser à lui en gravissant allègrement le sentier où je compte bien retrouver de vielles connaissances. C 'ést un vrai pellerinage!

J'avais été stupéfait de constater que les scientifiques du conservatoire botanique connaissaient un pied de Mazembron dont je pensais être l'inventeur. Pourtant, il faut, pour le trouver, plonger dans un massif de goyaviers, descendre trois mètres de falaise en s'accrochant aux racines, franchir un sombre vallon, passer une crête d'éboulis et s'engager sur une vire de lave pourrie. La plante était là, cachée par Lantanas dont on pouvait craindre qu'ils allaient l'étouffer. Régulièrement j'allais la dégager. Hélas! Je suis obligé de constater que ma protégée n' a pas survécu à mon absence...

Lomatophyllum macrum tel que je l' ai photographié en 2010
Nous sommes en mars, avec un peu de chance, je sais pouvoir trouver à quelques mètres de là un pied de Liparis disticha qui sera fleuri.


Non seulement il s'y trouve encore mais il est en compagnie d'un cousin que je n'attendais pas et que je fréquentais en Calédonie ! Le petit Liparis cespitosa.

Toujours sur le même tronc un Bulbophyllum incurvum jaune laisse pendre quelques grappes fleuries. Je ne l' avais jamais vu sous cette couleur!Qui pourra dire pourquoi, souvent les orchidées se rassemblent sur une même écorce, alors que, des mètres à la ronde, il n'y a pas épiphyte qui vive?

M'accrochant aux arbres, je descends le long du rempart désireux de renouveler les acrobaties qui m' avaient conduit à tant de découvertes et d' émotions. A chaque apparition d'une nouvelle orchidée fleurie, je ne ressens pas moins d'enthousiasme qu'un orpailleur trouvant une pépite. Je tourne autour, je l'observe et la photographie emportant avec moi comme un trésor l'image de cette rencontre. Plaisir de collectionneur, plaisir de chasseur ?
Ma progression se fait au gré des prises : règle absolue , deux pieds, deux mains, avoir toujours au moins trois appuis solides. Par le passé, il m' est arrivé de dévaler à cause d'un arbre pourri, je me passerai bien d' une réédition.
Assurément je n' ai pas choisi la meilleure saison. Un gigantesque Angrecum eburnum n' a que quelques petites hampes florales. Il lui faudra encore des mois pour éclore.
J' ai bien failli passer à côté: après tout ce n' est qu'une pelote de racines et mon œil programmé pour les fleurs l' a négligée. Oui ! Microceolia aphyla, la sublimation botanique de la simplicité. Pas de feuilles, pas de tiges, rien que des racines qui flottent en l' air! Et puis deux... et trois ! Une famille. Tant pis si elles ne sont pas fleuries. Elles seules méritaient mon voyage à la Réunion.

La matinée s' achève, la récréation va se terminer, nous prenons l' avion dans trois heures. Alors que je gravis les derniers mètres du rempart, sur un semblant de terrasse, quelques taches blanches minuscules auraient pu passer inaperçues tant elles sont discrètes. Je grimpe. Ce sont bien des orchidées, je reconnais de toutes petites disperis. Mais je n' ai pas de nom à leur donner. Vite quelques photos acrobatiques tant le vent est fort qui les balance de droite et de gauche. Fermer le diaphragme pour atténuer le blanc lumineux. Et voilà la rare disperis opositifolia var mascarenensis qui entre dans ma collection !


Prodigieuse matinée pour un naturaliste touche-à-tout!
Mes voyages s'enluminent de botanique, de géologie et de mille observations que souvent, je ne peux m'empêcher de faire partager. Je vois alors froncer le front et le sourcil du passant invité à s'émerveiller d'une herbe ou d'un insecte dont il n' a rien à faire.
Cette fois c'est de nostalgiques qu'il faut qualifier mes récentes escapades dans les hauts de la Réunion à l' occasion d'un bref retour. Il y a longtemps que j'ai délaissé ce paradis moribond qu' hommes et pestes se liguent à détruire.
Me voilà à l'aube au bas de la pente où je me suis effondré il y a maintenant six ans avant de quitter Bourbon définitivement. Un artiste bienveillant ayant pratiqué sur ma personne quelques réparations indispensables, je ne peux m'empêcher de penser à lui en gravissant allègrement le sentier où je compte bien retrouver de vielles connaissances. C 'ést un vrai pellerinage!

J'avais été stupéfait de constater que les scientifiques du conservatoire botanique connaissaient un pied de Mazembron dont je pensais être l'inventeur. Pourtant, il faut, pour le trouver, plonger dans un massif de goyaviers, descendre trois mètres de falaise en s'accrochant aux racines, franchir un sombre vallon, passer une crête d'éboulis et s'engager sur une vire de lave pourrie. La plante était là, cachée par Lantanas dont on pouvait craindre qu'ils allaient l'étouffer. Régulièrement j'allais la dégager. Hélas! Je suis obligé de constater que ma protégée n' a pas survécu à mon absence...

Lomatophyllum macrum tel que je l' ai photographié en 2010
Nous sommes en mars, avec un peu de chance, je sais pouvoir trouver à quelques mètres de là un pied de Liparis disticha qui sera fleuri.


Non seulement il s'y trouve encore mais il est en compagnie d'un cousin que je n'attendais pas et que je fréquentais en Calédonie ! Le petit Liparis cespitosa.

Toujours sur le même tronc un Bulbophyllum incurvum jaune laisse pendre quelques grappes fleuries. Je ne l' avais jamais vu sous cette couleur!Qui pourra dire pourquoi, souvent les orchidées se rassemblent sur une même écorce, alors que, des mètres à la ronde, il n'y a pas épiphyte qui vive?

M'accrochant aux arbres, je descends le long du rempart désireux de renouveler les acrobaties qui m' avaient conduit à tant de découvertes et d' émotions. A chaque apparition d'une nouvelle orchidée fleurie, je ne ressens pas moins d'enthousiasme qu'un orpailleur trouvant une pépite. Je tourne autour, je l'observe et la photographie emportant avec moi comme un trésor l'image de cette rencontre. Plaisir de collectionneur, plaisir de chasseur ?
Ma progression se fait au gré des prises : règle absolue , deux pieds, deux mains, avoir toujours au moins trois appuis solides. Par le passé, il m' est arrivé de dévaler à cause d'un arbre pourri, je me passerai bien d' une réédition.
Assurément je n' ai pas choisi la meilleure saison. Un gigantesque Angrecum eburnum n' a que quelques petites hampes florales. Il lui faudra encore des mois pour éclore.
J' ai bien failli passer à côté: après tout ce n' est qu'une pelote de racines et mon œil programmé pour les fleurs l' a négligée. Oui ! Microceolia aphyla, la sublimation botanique de la simplicité. Pas de feuilles, pas de tiges, rien que des racines qui flottent en l' air! Et puis deux... et trois ! Une famille. Tant pis si elles ne sont pas fleuries. Elles seules méritaient mon voyage à la Réunion.

La matinée s' achève, la récréation va se terminer, nous prenons l' avion dans trois heures. Alors que je gravis les derniers mètres du rempart, sur un semblant de terrasse, quelques taches blanches minuscules auraient pu passer inaperçues tant elles sont discrètes. Je grimpe. Ce sont bien des orchidées, je reconnais de toutes petites disperis. Mais je n' ai pas de nom à leur donner. Vite quelques photos acrobatiques tant le vent est fort qui les balance de droite et de gauche. Fermer le diaphragme pour atténuer le blanc lumineux. Et voilà la rare disperis opositifolia var mascarenensis qui entre dans ma collection !


Prodigieuse matinée pour un naturaliste touche-à-tout!
- jringenbachfr
- Nb messages : 3676
Localisation : Roderen
Inscription : 03/05/2008
Re: Une matinée prodigieuse
Jeu 30 Mar 2017 - 18:44
jolie et et exotique, merci.
- jft2607Admin
- Nb messages : 15018
Localisation : Guilherand Granges 07
Inscription : 24/11/2007
Re: Une matinée prodigieuse
Jeu 30 Mar 2017 - 18:49
Re: Une matinée prodigieuse
Jeu 30 Mar 2017 - 18:55
Faut pas croire que les botanistes des Conservatoires ne connaissent rien ! Ceux que je fréquentes sont plutôt ds pointures.
Et
pour toutes ces découvertes.
Et

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Pierre-Michel
Cartographe SFO du Var
Site Orchidées de Provence http://pm.blais.pagesperso-orange.fr/
- ClaudeVincentAnimateur
- Nb messages : 13415
Localisation : Mende
Inscription : 18/04/2007
Re: Une matinée prodigieuse
Jeu 30 Mar 2017 - 19:22
Ici on s'émeut pour tout ce qui est beau !
Début remarquable en tout cas !
Je suis nul pour les hors-métropole mais j'admire !
Début remarquable en tout cas !
Je suis nul pour les hors-métropole mais j'admire !

- THIERRY
- Nb messages : 3251
Localisation : Pecqueuse Essonne
Inscription : 04/06/2010
Re: Une matinée prodigieuse
Jeu 30 Mar 2017 - 19:34
Réunion, ..atmosphère ,.. vertige ,.. narration ,..orchidées ,.. c'est un rhum arrangé qui vous saoule !






- Gerard BRATEAU
- Nb messages : 782
Localisation : Quimper
Inscription : 07/08/2012
Re: Une matinée prodigieuse
Jeu 30 Mar 2017 - 20:09



Superbe récolte et belles photos. Vivement que j'y retourne et surtout avec notre Charly national
- Evelyne
- Nb messages : 4219
Localisation : Marne - Reims
Inscription : 25/01/2007
Re: Une matinée prodigieuse
Ven 31 Mar 2017 - 10:42
Superbe matinée riche de souvenirs et de découvertes, un séjour bien court, dommage !
- Bernard Ginesy
- Nb messages : 2542
Localisation : Marseille
Inscription : 21/01/2011
Re: Une matinée prodigieuse
Ven 31 Mar 2017 - 12:04






Re: Une matinée prodigieuse
Ven 31 Mar 2017 - 12:33
- bentiquouilleDresseur de grenouilles
- Nb messages : 10249
Localisation : alsace
Inscription : 22/01/2007
Re: Une matinée prodigieuse
Ven 31 Mar 2017 - 13:27






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- THIERRY
- Nb messages : 3251
Localisation : Pecqueuse Essonne
Inscription : 04/06/2010
Re: Une matinée prodigieuse
Ven 31 Mar 2017 - 14:24
Bernard Ginesy a écrit:![]()
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J'apprécie autant le texte que les images et l'émotion enthousiaste ( pour ceux qui aiment aussi les mots, celui-ci signifie dans son sens profond: être traversé par le divin ! )
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- Annie
- Nb messages : 8098
Localisation : Val d'Oise
Inscription : 10/06/2007
Re: Une matinée prodigieuse
Sam 1 Avr 2017 - 11:13
Gros coup de blues en voyant ces images, que la Réunion me manque !
Jolies observations



Jolies observations

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