Les aléas de l' orchidophylie
Ile de la Réunion, octobre 2012. Je me passionnais pour la recherche, la photographie et l' identification des orchidées locales, particulièrement nombreuses, parfois fort rares. On en compte plus d'une centaine dont certaines n' ont pas encore de nom. Ma technique de prospection était pour le moins aléatoire mais pas dépourvue d'inprévus. Je m' enfonçais dans la forêt, assuré de retrouver une route ou un sentier qui me ramène à ma voiture pour peu que je cesse de monter pour redescendre ou l' inverse.
Donc, j' étais dans les Hauts de Sainte Suzanne, à 30km du volcan, à une heure de marche de la route la plus proche, en pleine forêt . Probablement personne n' était passé à cet endroit depuis des lustres.
Outre les orchidées, il m' arrivait de m' intéresser aux arbres. En trouvant un, haut de trois mètres environ, dont le feuillage ne disait pas son nom, j 'entrepris de le courber pour amener la cime à portée d' une identification et, à défaut, d'une photo. Dans une feuille particulièrement coriace, un petit caillou de 8 mm était fiché ! Incroyable ! Comment était il venu là ?
Je passais en revue toutes les possibilités, les éliminant les unes après les autres.
-Une projection du volcan ? Il n'explose pas. C 'est un type hawaïen avec des coulées, au pire des fontaines de lave, mais rien qui puisse transporter de la matière à 30km.
-Une activité humaine ? J 'étais bien trop loin.
-Un caillou monté avec la croissance du tronc ? A 3m de haut, dans le limbe d'une feuille, dont on sait qu 'elles se renouvellent régulièrement, c 'est peu vraisemblable.
-Une météorite? Internet me confirma l' explosion d'un météore qui avait illuminé la nuit de la côte Ouest quelques semaines auparavant.
J'emportai ma découverte non sans l' avoit photographiée, "in situ".

Elle et son mystère restèrent quelques années enfermées dans une petite boite sans que je m 'en soucie.
Finalement l'idée d' avoir affaire à une météorite fit son chemin et s'imposa un jour de grands rangements où je la retrouvai au fond d'un tiroir.
Premier test : mon caillou resta collé à l' aimant que je lui présentai ! Euréka!
La Réunion ne comporte que des laves, du basalte, mais certainement pas de gisement métallique ! par contre la majorité des météorites contiennent du fer et, ou, du nickel. Particulièrement les Chondrites.
Restait à la soumettre à un spécialiste .
La binoculaire devait confirmer que j' avais trouvé un fragment de Chondrite dont une des faces comporte encore la trace de l' échauffement lors de la pénétration dans l' atmosphère. Les autres faces étant plus brillantes .
Quelle est la probabilité de trouver, dans une feuille, en pleine forêt primaire un fragment de roche tombée du ciel ? Supérieure en tous cas à celle qui régit les rapports proverbiaux entre l' aiguille et la meule de foin!
C'est à ma connaissance la seconde météorite trouvée à la Réunion, une autre l' ayant été par un géologue sur les pentes du piton Chisny.